L'Atelier céramiques Almadies

Le Hangar des Almadies, un ovni qui a traversé le temps.

Construit au début des années 1960 dans la brousse des Almadies, ce grand hangar ouvert abritait la fabrication de préfabriqués en béton, utilisant les roches de la falaise proche.

L’unité de concassage était sur la plage dite « Lieu de Prière » et des rails amenaient les matériaux jusqu’au hangar. Il fut relevé en 1972 par l’entreprise EGCAP, pour les besoins du chantier de l’Hôtel des Almadies, première construction de l’époque sur la pointe éponyme, et ensuite donné à Paul Frapolli pour y abriter l’atelier de céramique.

En 1984, suite à la mort accidentelle de Ndiouga Kébé, le promoteur bâtisseur qui était commanditaire des toutes les céramiques, le lieu risqua l’abandon. Mais Mauro Petroni, à qui Frapolli avait confié l’outil, réussit à le maintenir en vie et à lui donner un nouveau souffle. L’Atelier devint avec lui un centre réputé de la vie artistique de Dakar, tout en restant un lieu de savoir traditionnel autour du travail de la terre avec les artisans Ibrahima Sadio, Ousmane Faye, Ismaïla Ciss, Talla Mbaye, puis Assane Seck. Le majestueux four à gaz du 19e siècle, originaire de Limoges, en est le gardien immuable.

Les protagonistes

Paul Frapolli

est né en 1938 à Fort National (Algérie) d’une famille française pieds noirs.

Toute sa famille a été impliquée dans la guerre d’indépendance du pays, puis obligée de rentrer en France au début des années 1960. Paul, après avoir fréquenté l’école d’architecture de Marseille, se passionne pour la céramique et passe deux ans dans les ateliers de Roger Capron à Vallauris. Très tôt il ouvre son atelier à Bagnols sur Cèze (Gard) : sa fréquentation des jeunes architectes, ses défis techniques et sa maîtrise le poussent rapidement à participer à des chantiers importants et à se spécialiser dans la céramique pour l’architecture. En 1972, il fut appelé par l’entrepreneur sénégalais Ndiouga Kébé pour la décoration de l’Hôtel des Almadies.

Au Sénégal, après avoir relancé la Briqueterie de Pout, il s’installe dans un hangar à côte du chantier des Almadies et ouvre un atelier qui deviendra en suite « Céramiques Almadies ». Rentré en France en 1976, il repartira pour le Burundi dans les années 1980 pour s’occuper d’une autre briqueterie, en laissant son élève Mauro Petroni s’occuper de l’atelier de Dakar.
Il fait encore quelques voyages mais, après la mort de Ndiouga Kébé, il ne reviendra plus au Sénégal. En France, il déplace son atelier de Bagnols à Avignon (« La Fabrique ») et il se spécialise en terre cuites manufacturées pour la décoration architecturale.
Revenu à Bagnols sur Cèze, il s’éteint en 2006. Son mot préféré : « je suis parti de rien, je suis arrivé à rien, mais tout seul ! »

Ibrahima Sadio

Né en 1936 à Mbour, Sadio avait fréquenté le Centre Professionnel d’Artisanat qui se trouvait sur la route de Ouakam. Il avait côtoyé des personnages connus de sa génération, comme le professeur Elenon et l’artiste Souleymane Keita, qui tout au début avait fréquenté le cours de céramique dans le Centre. Repéré par Frapolli, Sadio fut d’abord associé comme assistant à la Briqueterie de Pout, puis amené à diriger l’atelier des Almadies de 1974 à 1991.

Très bon tourneur on lui doit la réalisation de beaucoup de pièces utilisées dans les projets de décoration architecturale. Même après sa retraite il a continué sa collaboration avec l’atelier pendant plusieurs années. Il vit actuellement à Mbour.

Ousmane Faye

Né à Pout dans les années 1940, il avait intégré depuis le début la petite équipe de Frapolli. Ses souvenirs sont précis : le 29 février 1974, un lundi, à 8h du matin, il prend service à l’atelier des Almadies. Il ne quittera plus l’équipe et il est encore en service aujourd’hui !

Il est spécialiste de la préparation de la terre, la cuisson et l’émaillage. Son expérience et son esprit jovial font de lui un collaborateur précieux, dont on a du mal à se séparer.

Ismaila Ciss

Né en 1950, intègre le groupe en 1983. Sa précision dans l’exécution et sa capacité d’interprétation en font un autre élément inséparable de l’équipe.

Il est expert dans le façonnage en terre, la conception de formes et le moulage. Il est encore aujourd’hui indispensable pour la chaîne de fabrication.

Talla Mbaye

Fut remarqué par Petroni sur des chantiers vers la fin des années 1980. Alors jeune carreleur, il excelle par sa maîtrise dans la pose et par ses intuitions dans les exécutions sur les chantiers. Il a été associé à la mise en place de toutes les céramiques importantes réalisées à partir de 1990, et depuis il n’a jamais quitté cette responsabilité.

On lui doit la réussite de grandes réalisations comme le marché Kermel et la Gare de Dakar. Son air affable et son style débrouillard font de lui un compagnon de voyage parfait pour tous les déplacements qui ont amené l’équipe de l’atelier à suivre les chantiers aux quatre coins du pays.